De nombreuses questions autour du tiers-payant obligatoire avec les mutuelles
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26 - 05 - 2020
Le Professeur Eric Caumes est chef du Service des Maladies Infectieuses et Tropicales de l'Hôpital de La Pitié-Salpêtrière (Paris) et professeur des Universités/Praticien Hospitalier de Médecine à l'Université Pierre et Marie Curie-Sorbonne UniversitéPouvez-vous nous donner votre avis sur la fiabilité(sensibilitéet spécificité) des tests sérologiques, la HAS ayant récemment émis un avis. Des tests salivaires de détection du virus et/ou de détection des anticorps seront prochainement disponibles. Pensez-vous que les chirurgiens-dentistes puissent participer àune campagne de dépistage ? Il existe deux types de techniques diagnostiques : 1/ Les tests PCR permettent de faire le diagnostic d’infection aiguë et donc de dépister les personnes contagieuses. Les PCR nasopharyngés cumulent plusieurs handicaps : c’est un geste technique difficile, car il faut enfoncer le coton-tige loin. La qualité du geste, et donc sa sensibilité, est opérateur dépendant ; c’est douloureux, on ne peut pas répéter ce geste trop souvent, cela « consomme » une infirmière pour le prélèvement et il faut les cotons-tiges et les moyens de transport adaptés. Les PCR salivaires ou sur crachats sont certainement plus faciles mais elles ne sont pas de pratique courante en dehors de rares laboratoires. 2/ Les tests sérologiques permettent de faire le diagnostic d’une infection récente (IgM) et tardive (IgG). Il existe différentes techniques sérologiques, par différents laboratoires spécialisés. Et les autorités de santé n’ont pas encore tranché entre les différents tests sérologiques disponibles. Il existe aussi la possibilité de faire des tests d’orientation diagnostique rapides (TROD) sur une goutte de sang prélevée au doigt. Si de tels tests pouvaient rentrer dans la pratique courante, cela serait très pratique car la réponse est immédiate. Les chirurgiens-dentistes de part leur activitéprofessionnelle sont particulièrement exposés aux risques infectieux. Pensez-vous qu’il soit pertinent de tester àgrande échelle les chirurgiens-dentistes àl’aide des tests de détection directe (présence du virus, puisqu’il existe des formes de Covid-19 asymptomatiques) et/ou àl’aide de tests sérologiques témoignant d’un contact avec le virus ? On pourrait tester tous les dentistes par une sérologie de type IgG. Si les collègues sont positifs, ils sont très certainement immunisés contre le Covid-19 car les anticorps ont l’air protecteurs, la seule incertitude concernant la durée de la protection. Dans un tel cas, ils pourraient travailler avec sérénité et ne pas exiger de leur patient un test diagnostique pour éliminer toute possibilité de contagiosité. Si les collègues sont négatifs, ils ne sont pas immunisés contre le Covid-19. Dans un tel cas, ils savent qu’ils sont à risque de contracter le Covid-19. Ils pourraient alors exiger de leur patient un test diagnostique (PCR et IgM) pour éliminer toute possibilité d’infection et/ou de contagiosité au moment du geste dentaire. Néanmoins cette attitude est irréaliste car le délai de rendu des résultats, d’une durée au moins supérieure à 48h, ne permet pas d’éliminer la possibilité d’une recontamination entre le moment du test et le moment de la consultation dentaire. La seule solution est donc de se protéger. Pensez-vous qu’un traitement médical efficace (hydroxychloroquine, antibiothérapie, immunothérapie) et qu’un vaccin puissent être disponibles àcourt ou moyen terme pour venir àbout du Covid-19 ? Nous n’avons pas encore de très bonnes nouvelles pour les traitements de la phase initiale, virale. L’hydroxychloroquine ne marche pas, pas plus que les antiviraux comme le lopinavir/ritonavir ou le remdesivir (même si pour cette dernière molécule cela demande à être rediscuté à la lumière de plus d’études). Le seul espoir repose sur l’ivermectine, un antiparasitaire qui pourrait marcher par un mode d’action peu évident. Pour la phase tardive de l’orage immunitaire (dit aussi orage cytokinique), il est possible que les corticoïdes et une biothérapie, le tocilizumab, aient une certaine efficacité, de l’ordre de 50%, ce qui serait une bonne nouvelle. Mais cela demande à être confirmé par des études plus larges et plus rigoureuses que celles actuellement disponibles. Pour le vaccin, il est toujours permis de rêver. Faut-il encore se souvenir que cela fait des décennies que l’on cherche des vaccins efficaces contre la tuberculose, le paludisme, ou le sida, sans succès. Sans oublier que même quand il existe un vaccin efficace, comme pour la rougeole, ce vaccin est boudé par la population. Et il pourrait en être de même pour le Covid-19. Donc mieux vaut ne pas faire reposer nos espoirs sur le seul vaccin. Interview réalisée par le Docteur Christophe Teillaud (Conseiller scientifique de l’Union Dentaire) pour l’UD Mag.Point sur les tests du SARS-CoV-2 par le Dr Christophe Teillaud
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